Son père, veuf, est un adepte joyeux des liaisons passagères et sans importance. Ils s'amusent, ils n'ont besoin de personne, ils sont heureux. La visite d'une femme de cœur, intelligente et calme, vient troubler ce délicieux désordre. Comment écarter la menace ?
Dans la pinède embrasée, un jeu cruel se prépare.
C'était l'été 1954. On entendait pour la première fois la voix sèche et rapide d'un "charmant petit monstre" qui allait faire scandale. La deuxième moitié du XXe siècle commençait. Elle serait à l'image de cette adolescente déchirée entre le remords et le culte du plaisir.
C'est Salmacis d'Emmanuelle de Jésus qui m'a fait découvrir ce petit roman. Elle ne parlait si bien que lorsque je l'ai vu à la Fnac pour quelques euros, je n'ai pas hésité. C'est simple, Bonjour Tristesse avait tout pour me plaire : un titre intriguant, un décor estival et des personnages torturés. Et pour le coup je n'ai pas été déçu, je l'ai lu presque d'une traite. Françoise Sagan nous plonge dans une atmosphère doucereuse, une atmosphère de peaux tendrement réchauffées par le soleil, de chaleur molle et de baisers volés.
Elle écrit comme on ne le fait plus, avec une simplicité factice, maniant les mots avec une modestie feinte. Oui, vraiment, Françoise Sagan a une plume charmante ; bien plus, hélas, que ces personnages. Cette Cécile... mon Dieu, c'est tout juste si elle ne m'a pas collé des frissons d'horreur. Au moins, si vous avez mauvaise conscience, cette jeune écervelée vous rassura tout de suite sur votre bonté. L'immersion dans ses pensées m'a à la fois transportée et vaguement écoeuré. Je crois que c'était là le souhait de l'auteure : arriver à procurer au lecteur un vague dégoût mêlé de fascination pour Cécile et son père.
Cécile est un être frivole, inconstant, léger qui vit dans une bulle dorée qu'elle ne quitterait pour rien au monde. J'ai réellement adoré la façon dont l'auteure a travaillé ses personnages, ils sont tellement humains, tellement faibles et friables.
De plus, Sagan m'a émerveillé par la façon dont elle a su dresser en quelques dizaines de pages un tableau extrêmement précis des humeurs et comportements humains. On pourrait la croire pessimiste mais, au fond, on sait qu'elle n'est que réaliste et on ne peut lui en vouloir de nous infliger ce petit livre cruel.
En bref, je vous recommande chaudement cette courte lecture qui saura ravir votre coeur de lecteur par sa douceur moite et sa nostalgie ravissante qui n'appartient qu'à l'été.
Un passage : "Vous vous faites de l'amour une idée un peu simpliste. Ce n'est pas une suite de sensations indépendantes les unes des autres..."
Je pensais que toutes mes amours avaient été ainsi. Une émotion subite devant un visage, un geste, sous un baiser... Des instants épanouis, sans cohérence, c'était tout le souvenir que j'en avais. "C'est autre chose, disait Anne. Il y a la tendresse constante, la douceur, le manque... Des choses que vous ne pouvez pas comprendre." |
4,95 €
160 pages